Jannis Kounellis, né en 1936 en Grèce et ins­tallé depuis 1956 à Rome, est un artiste majeur de la scène artis­ti­que contem­po­raine et une figure emblé­ma­ti­que de l’Arte Povera.

Jannis Kounellis est l’une des figu­res emblé­ma­ti­ques de l’Arte Povera, mou­ve­ment ita­lien surgi au début des années 60, dans lequel figu­rent, entre autres, Mario Merz, Giuseppe Penone, Giovanni Anselmo, Michelangelo Pistoletto ou encore Pino Pascali.

Avec l’expo­si­tion Arte Povera – Im Spazio, en 1967 à la gale­rie Bertesca à Gênes, Kounellis déve­loppe dans ses oeu­vres l’uti­li­sa­tion de maté­riaux sim­ples et indus­triels : fer, coton, char­bon, bois, café, feu, sacs de jute ou encore ani­maux vivants, autant d’éléments employés pour leurs rap­ports avec l’uni­vers du tra­vail ou pour leurs oppo­si­tions phy­si­ques et cultu­rel­les : le mou et le dur, le gou­dron et l’acier, l’indus­triel et l’agraire, l’acier et le jute. Ses ins­tal­la­tions devien­nent de véri­ta­bles mises en scènes qui occu­pent entiè­re­ment l’espace d’expo­si­tion et entou­rent le spec­ta­teur, le ren­dant acteur de l’événement.

Kounellis va jusqu’à oppo­ser des oeu­vres géo­mé­tri­ques faites de maté­riaux de pro­duc­tion indus­trielle à des ani­maux vivants. Ainsi, en 1969, il pré­sente à la gale­rie L’Attico à Rome des che­vaux vivants atta­chés aux murs, créant un choc entre nature et culture dans lequel le rôle de l’artiste est réduit au mini­mum.

Durant les années 70 et 80, le tra­vail de Kounellis est de plus en plus pré­senté : il par­ti­cipe pour la pre­mière fois à la Biennale de Paris en 1971 et à celle de Venise en 1972 ; une expo­si­tion mono­gra­phi­que est pré­sen­tée dans plu­sieurs musées euro­péens – au Stedelijk Van Abbemuseum d’Eindhoven, à la Whitechapel Art Gallery de Londres ou encore à la Caja de Pensiones de Madrid ; il expose en 1977 au Musée natio­nal d’art moderne de la ville de Paris ; le Musée d’Art contem­po­rain de Bordeaux lui consa­cre une impor­tante expo­si­tion en 1985 et l’année sui­vante le Musée d’Art contem­po­rain de Chicago pré­sente une rétros­pec­tive de ses oeu­vres.

À cette époque, l’oeuvre de Kounellis s’assom­brit et devient plus dra­ma­ti­que : le feu laisse place à la suie et les ani­maux vivants à des créa­tu­res empaillées. Le point culmi­nant de cette période a lieu à l’Espai Poblenou à Barcelone en 1989 où il expose des quarts de boeufs fraî­che­ment abat­tus, fixés par des cro­chets à des pla­ques de métal et éclairés par des lampes à huile.

En 1994, il réunit sur un bateau appelé Ionon une sélec­tion d’oeu­vres réa­li­sées sur une tren­taine d’années et amarre cette rétros­pec­tive flot­tante dans le port de sa ville natale du Pirée. Par la suite, Kounellis est invité dans le monde entier : au Mexique, en Argentine, en Uruguay, en Angleterre.

Plus récem­ment, il a pré­senté son tra­vail à la Neue Nationalgalerie à Berlin en 2007 ; puis au Musée d’Orsay en cor­res­pon­dance avec l’Angelus de Millet. Il est invité, à partir de juillet 2008, en rési­dence pour trois ans au châ­teau de Chaumont-sur-Loire. Bien que Kounellis uti­lise l’espace pour ins­tal­ler ses oeu­vres, il se consi­dère comme un pein­tre, le volume à occu­per étant traité comme une toile.