Né à Paris le 22 jan­vier 1879 et mort à Paris le 30 Novembre 1953, Francis Picabia est un pein­tre, gra­phiste et écrivain proche des mou­ve­ments Dada et sur­réa­liste.

Durant les soixante-qua­torze années de sa vie, Picabia explore la plu­part des mou­ve­ments artis­ti­ques de son temps, un exploit aussi excep­tion­nel que l'époque elle-même .

Si son enfance est confor­ta­ble d'un point de vue maté­riel, elle est per­tur­bée affec­ti­ve­ment par la mort de sa mère à l'âge de 7 ans. « Entre ma tête et ma main, » dit-il en 1922, « il y a tou­jours l'image de la mort. ».

En 1895, il entre à l'Ecole des Arts Décoratifs et fré­quente l'Ecole du Louvre, l'Académie Humbert, où il tra­vaille aux côtés de Braque et de Marie Laurencin, ainsi que l'Ecole des Beaux Arts de Paris.

Ce n'est qu'après 1902 qu'on res­sent dans la pein­ture de Picabia l'influence de Pissarro, et sur­tout celle de Sisley. C'est alors que com­mence sa période impres­sion­niste, qui durera 10 ans et grâce à laquelle il connait le succès. Cependant, il remet peu à peu en cause les valeurs plas­ti­ques qui lui ont valu son succès gran­dis­sant. Il rompt défi­ni­ti­ve­ment avec cette appro­che impres­sion­niste en 1908, après sa ren­contre avec Gabrièle Buffet, rup­ture qui lui est per­mise par sa for­tune per­son­nelle.

En 1902, il devient orphiste et crée le Salon de la Section d'Or. L'expo­si­tion de l'Armory Show à New York en 1913 lui permet de connai­tre un succès inter­na­tio­nal. De 1913 à 1915, il fait de nom­breux séjours à New York où il prend une part active dans les mou­ve­ments d?avant-garde, intro­dui­sant l'art moderne sur le conti­nent amé­ri­cain.

En 1916, il se rallie au dadaïsme et se fait pro­pa­ga­teur du mou­ve­ment avec André Breton à Paris, après sa ren­contre avec Tristan Tzara à Munich. Polémiste, ico­no­claste, sacri­lège, Picabia s'agite autour de Dada en électron libre, en étant par prin­cipe anti-tout. Mais en 1921, il rompt avec ses anciens com­pli­ces. Il se pas­sionne alors pour le cinéma et la pho­to­gra­phie.

Après 1945, il renoue avec l'abs­trac­tion, et ses der­niers tableaux relè­vent même du mini­ma­lisme : points de cou­leurs semés sur des fonds épais et mono­chro­mes.

Mais son goût immo­déré pour les fêtes et les voi­tu­res le ruine. Il meurt en 1953, souf­frant d?une arté­rio­sclé­rose para­ly­sante qui l'empê­chait de pein­dre depuis 2 ans.

L?appro­che de Picabia est en adé­qua­tion avec les concepts sym­bo­lis­tes-syn­thé­sis­tes de la fin du XIXème siècle : l'art n'est pas consi­déré comme une repro­duc­tion de la nature mais plutôt comme l'expé­rience émotionnelle de l?artiste face à celle-ci, expri­mée de façon sub­jec­tive dans une syn­thèse de formes et de cou­leurs.