Wolman à New York, présenté par Kaira M. Cabañas

Kaira M. Cabañas propose une projection du film L'Anticoncept (1951), de Wolman

Gil Joseph Wolman, L''Anticoncept
Présenté par Kaira M. Cabañas
Vendredi 13 février 2015 à 19h30

Light Industry
155 Freeman Street
Brooklyn, New York

L''Anticoncept, Gil Joseph Wolman, projection cinématographique, 60 mn

Projeté sur un ballon rond gonflé à l''hélium de deux mètres de diamètre environ, L''Anticoncept est un film sonore sans images: de brèves séquences noires s''alternent avec la projection d''un disque blanc dont la bordure effleure au plus près la circonférence de l''écran. Gil J Wolman a réalisé L''Anticoncept en septembre 1951, et l''a présenté pour la première fois le 11 février 1952 au Ciné-Club Avant-Garde 52 au Musée de l''Homme de Paris. Alors que d''autres Lettristes comme Isidore Isou et Maurice Lemaître s''attaquaient aux représentations conventionnelles à travers des stratégies sensiblement dissidentes (morcellements entre image et son, entre écran et espace), Wolman va plus loin en abandonnant entièrement l''image photographique et en altérant la forme de l''écran.

En 1952, L''Anticoncept a été peu commenté par des critiques, et de manière plutôt mitigée. Une critique a relevé l''utilisation erronée par Wolman du terme d''image pour se référer à ce que lui appelait "des jets saccadés de lumière blanche sur une sphère". Un journaliste du Figaro suggérait aussi de "supprimer l''image et de gardez le son, et quel "son"!... des ricanements, des étranglements, des gargouillis, des onomatopées."

La bande sonore de L''Anticoncept débute avec une voix off qui rappelle l''histoire des images changeantes. La deuxième partie présente TRITS, un poème lettriste structuré autour d''un choeur et ponctué de sifflements, de phomènes, et d''autres sons prononcés par quatre voix superposées, toutes semblant être de Wolman lui-même. Dans la troisième partie, la plus longue de la bande sonore, Wolman lit une histoire d''une totale incohérence dont il est l''auteur. Là le discours incessant de la voix off contribue largement à l''expérience d''une agression orale. La bande sonore donne un temps de répit aux rafales verbales (matéralisé par quelques silences) et des variations abruptes dans le volume et le rythme. Finalement, après un court "Post-scriptum", le film termine avec quelques trois minutes trente de mégapneumie surimposée, que Wolman décrit ailleurs comme une poésie physique basée sur le coeur, plus que sur une lettre comme avec Isou, et qui explore l''usage de "tous les sons humains".

Un an après la projection originale, Guy Debord observa que L''Anticoncept était "plus offensif... que les images de Eisenstein, qui avaient terrorisé l''Europe pendant si longtemps" ? KMC.

L''année 2015 marque les 20 ans de la disparition de Gil Joseph Wolman. Nous sommes reconnaissants à Barbara Wolman, Hedy Laure Wolman, et Frédéric Acquaviva d''avoir rendu cette projection possible; la dernière projection avait eu lieu à New York en 1999, à l''occasion de l''exposition Global Conceptualism: Points of Origin 1950s-1980s au Queens Museum of Art. Cet évènement marque aussi la publication du dernier livre de Cabañas Off-Screen Cinema: Isidore Isou and the Lettrist Avant-Garde (University of Chicago). Des exemplaires du livre seront disponibles au Light Industry.

Kaira M. Cabañas est historienne d''art, professeure du département des Lettres à l''Université catholique pontificale de Rio de Janeiro, et auteure du livre The Myth of Nouveau Réalisme: Art and the Performative in Postwar France (Yale University Press, 2013). En 2012 elle avait été co-commissaire de l''exposition Specters of Artaud: Language and the Arts in the 1950s au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía. Les écrits de Cabañas ont été présentés dans de nombreux catalogues de musées et dans des publications académiques. Elle contribue régulièrement à Artforum.

Tarif - $7, disponible sur place.
Places limitées. Premiers arrivés, premiers servis!
Ouverture du guichet à 19h.

Février 13, 2015